Au début des années 10, la bande à Bonnot sème la terreur entre la France et la Belgique, gang criminel composé d'anarchistes et resté célèbre pour avoir eu recours à l'automobile pour braquer les banques et pour avoir affronté les fameuses Brigades du Tigre de Clemenceau. Long d'à peine 90 minutes, ce film cherche moins à retracer minutieusement cette sanglante épopée qu'à capter le pouls révolutionnaire qui secoue cette France de la Belle Epoque, brossant le portrait d'une clique de marginaux qui de l'idéologie bascule dans la violence et le banditisme. Ce sujet prometteur défendu par une affiche qui l'est toute autant (nous y reviendrons) débouche pourtant sur un film à la réussite mitigée. La faute en incombe surtout à Jean Fourastié lequel, bien qu'assisté par Claude Miller, signe une mise en scène purement fonctionnelle, digne d'un téléfilm et incapable de saigner toute la tension requise par son matériau. Les évènement s'enchaînent ainsi platement, quand bien même braquages et fusillades ne manquent pas d'une sécheresse brutale.
La bande à Bonnot n'en délivre pas moins un spectacle efficace qui bénéficie à la fois d'une reconstitution soignée et plus encore de la force de ses deux principaux interprètes, Bruno Cremer en Bonnot rude et autoritaire, Jacques Brel en intellectuel flamboyant dont le personnage de Raymond la science ne pouvait que plaire à ses idées de gauche. En revanche, écopant d'un rôle mal écrit, Annie Girardot est quasi inexistante. Et en définitive, malgré un résultat honnête, le fait est que La bande à Bonnot ne tire pas assez profit de ses remarquables acteurs dont il ne presse pas tout le jus de performances pourtant puissantes. Fort d'une telle distribution, nous attendions donc (beaucoup) mieux de ce film qui ne fait que survoler son sujet dont il ne saisit que l'écume, passant à côté d'une réussite plus franche et surtout plus marquante, et qui aurait pu se faire l'écho des évènements révolutionnaires de mai 68 contemporains de son tournage. Dommage... (24.10.2022) ⍖⍖
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