KröniK | My Dying Bride - Turn Loose The Swans (1993)


Au-delà des oeuvres séminales de Paradise Lost et d'Anathema qui ont, certes, elles aussi grandement contribué à la réussite du genre, c'est surtout à la tétralogie enfantée par My Dying Bride que le UK Doom doit sa réputation. Combien de groupes ont pioché par exemple leur patronyme dans les paroles de souffrance écrites par Aaron Stainthrope, que l'on songe seulement à Empyrium, Until Death Overtakes Me ou My Shameful. Précédée du mini cd matriciel Symphonaire Infernus Et Spera Empyrium et entamée par As The Flower Withers, cette tétralogie se poursuit par un second volet, Turn Loose The Swans qui reprend les bases que son prédécesseur a fait plus qu'esquissé, tout les peaufinant. Cet accouplement entre la lenteur pétrifiée du doom et l'extremisme caverneux du death, sous la forme de longues complaintes exsudant une tristesse infinie a été d'entrée défini par le premier méfait des Britanniques, mais il prend ici une autre dimension, grâce, déjà, à une production moins brute de décoffrage, plus raffinée et qui rend davantage hommage à cet habile mélange entre beauté (lignes de violons, chant féminin sur une chanson, atmosphères mélancoliques) et brutalité (vocalises de gargouille, riffs plombés). 


Il est évident aussi que le groupe maîtrise mieux son art, comme le démontre des morceaux au monolithisme moins prononcé et dont l'architecture révèle un gros travail d'écriture. Et on sent déjà, en dépit de passages bien dark, que My Dying Bride commence à prendre ses distances vis à vis du death metal dont il ne reste plus qu'un socle que le temps érodera de plus en plus au fil des albums. Plus abouti donc que As The Flower Withers, Turn Loose The Swans se déleste d'une poignée de titres qui comptent parmi les classiques de la formation de la Perfide Albion. Citons le contemplatif "Sear Me MCMXC III", le noir et grandiose "Your River", le puissant "The Snow In My Hand", le plaintif "The Crown Of Sympathy" dont les sons de cloches égrenés par les claviers de Martin Powell semblent annonciateurs du jugement dernier, ou le funéraire "Black God". Un spleen automnal souffle sur l'ensemble du disque qui repose sur cette combinaison fusionnelle entre des textes douloureux, emprunt d'un désespoir universel, déclamés par un chant habité et une trame musicale noire et lancinante, comme prisonnière d'un abyme de dépression. Cette seconde prière nous renvoie l'image d'un groupe en constante progression. Logiquement, son successeur devrait définitivement l'imposer au somment de la pyramide du doom death britannique. Turn Loose The Swans a été réédité en digipack et enrichi de trois bonus, dont l'instrumental "Le cerf malade", pièce quasi ambient au souffle funèbre terrifiant.(23.06.2007) ⍖⍖⍖

 

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