CinéZone | William Wellman - L'allée sanglante (1955)


Dans les années 50, John Wayne est sans doute la plus grande star du cinéma américain. Désireux de contrôler de plus en plus ses films, il monte sa société de production, Batjac, dont le nom se réfère au Réveil de la sorcière rouge (1948). Parmi ses productions, quatre ont été réalisées par William Wellman : Aventures dans le Grand Nord (1953), Ecrit dans le ciel (1954), Track Of The Cat (1954), dans laquelle il n'apparait pas, et L'allée sanglante (1955). Celui-ci s'avère être le moins réussi du lot. C'est aussi un des derniers longs métrages de l'auteur de tant de chefs-d'œuvre des années 30 (L'ennemi public, L'appel de la forêt) et 40 (L'étrange incident, La ville abandonnée) qui achèvera sa carrière trois ans plus tard avec Escadrille Lafayette (1958) dans lequel figure un jeune Clint Eastwood. Pourtant, Blood Alley mérite mieux que son statut de simple véhicule pour sa vedette qui assure par ailleurs la réalisation de certaines séquences sans toutefois en être crédité. 


S'inscrivant dans la propagande anti-rouge de son temps, l'histoire se veut classique mais efficace, témoignant comme souvent, quoique à sa modeste mesure,  de cette dimension messianique chère aux Américains qui aiment se voir comme sauveurs du monde, balayant les ténèbres de la lumière qu'ils apportent dans leurs bagages. Drapé dans la photographie chatoyante de William H. Clothier, collaborateur récurrent du Duke (Le renard des océans, Alamo, Les cavaliers...), L'allée sanglante est néanmoins justement sauvé de la banalité par la personnalité de Wellman qui parvient à imprimer sa marque, tant par ses belles idées de mise en scène (la tempête et le dialogue muet entre John Wayne et Lauren Bacall) que par la sensibilité avec laquelle il raconte cette odyssée, qui n'est pas sans évoquer, en mode mineur bien sûr, son magnifique Convoi de femmes (1951). Une autre qualité lui est allouée par la présence de Lauren Bacall, actrice au charisme singulier, qui compose avec John Wayne un couple étonnant en cela qu'il échappe à la romance fonctionnelle et obligée. Film d'aventure solidement mené et nimbé du charme unique du cinéma américain des années 50, L'allée sanglante mérite mieux que l'oubli dans lequel il végète et réclame par conséquent d'être (re)découvert et considéré à sa juste valeur, honnête et spectaculaire. (30.01.2023) ⍖⍖


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