Le cinéma d'épouvante ibérique ne jouit pas de la même réputation que ses cousins italien ou anglais, il n'a pourtant pas à rougir de la comparaison avec le premier tandis qu'il réussira bien plus que le second à moderniser les mythes fondateurs du genre, comme l'illustre, à sa mesure modeste mais sympathique, Dracula contre Frankenstein. Le titre français est bien sûr racoleur puisque les deux monstres cités ne s'affrontent absolument pas au cours d'un récit qui convoque également la momie et le loup-garou. En vérité, le film s'inscrit dans le cycle consacré au personnage de Waldemar Daninsky initié par Paul Naschy à l'occasion des Vampires du Dr Dracula (1968), vraie pierre angulaire de l'horreur espagnole. Si celui-ci n'y tient pas visuellement le premier rôle, Los monstruos de Terror porte incontestablement sa griffe ; il en a écrit le scénario et semble en être le véritable réalisateur bien que le générique crédite à ce poste Tulio Demicheli qui lui même a remplacé en cours de route le grand Hugo Fregonese que le manque d'argent a démotivé et poussé à quitter le tournage.
Malgré une histoire qui puise aussi bien dans les vieilles pellicules de la Universal (dont Naschy n'a jamais caché l'admiration qu'elles lui inspiraient) que dans la SF des années 50 (l'idée des extraterrestres qui réveillent les morts rappelle Plan 9 From Outer Space) et une distribution hors frontières où le Britannique Michael Rennie (décidément plus convaincant dans ce registre fantastique ou SF que dans La vie de Jean Valjean ou dans La tunique) côtoie l'Allemande Karen Dor, les Américains expatriés en Europe Craig Hill et Patty Shepard sans oublier évidemment l'Espagnol Paul Naschy, Dracula contre Frankenstein étonne finalement par sa bonne tenue, loin de la série Z annoncée par son titre mensonger. Les décors sont soignés, la photographie nappée d'une flamboyance gothique et l'intrigue se dévide avec un rythme soutenu. On se surprend donc à suivre sans ennui et même, il est vrai, un plaisir certain, cette auberge espagnole pelliculée, détentrice de ce charme unique du bis européen et de ses coproductions improbables. A noter enfin, outre le fait qu'il ne faut surtout pas le confondre avec son homonyme américain signé Al Adamson, que Dracula contre Frankenstein bénéficie d'une belle édition DVD mitonnée par Artus Films, avec passion, digipack et présentation du toujours passionnant et indispensable Alain Petit. (17.04.2023) ⍖⍖
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