KröniK | No-Man - Together Wer're Stranger (2003)


S'il est aujourd'hui unaniment respecté et révéré comme le maître à penser de Pocurpine Tree, Steven Wilson s'est pourtant d'abord fait connaître grâce à l'hydre à deux têtes No-Man, dès la fin des années 80. Avec son comparse, le chanteur Tim Bowness, il a enregistré une tripotée d'albums, tous aussi merveilleux les uns que les autres et à mille lieux du rock progressif, de plus en plus metal qu'il grave avec ce qui est désormais son principal port d'attache. Contrairement à celui-ci dans lequel il tient seul (ou quasiment) la barre, et à l'instar d'un autre de ses nombreux projets, Blackfield, No-Man se veut vraiment le fruit d'un duo. Secondé sur certains titres par des invités, il se contente ici de prendre en charge la plupart des instruments, laissant le micro au dandy Tim Bowness, dont la voix à la fois suave et bouleversante forme le contrefort d'une musique vaporeuse et émotionnelle. On tient là la principale différence avec les autres groupes du Britannique aux éternelles petites lunettes rondes. 


No-Man, et ce nouvel opus, qui s'inscrit dans la droite lignée de son prédécesseur, le déjà mélancolique Returning Jesus, en constitue la plus brillante démonstration. Le duo signe un nouveau joyau de rock intimiste et introspectif, porté par un spleen automnal à fleur de peau. Au fil des années, la musique du tandem tend à devenir de plus en plus épurée, de plus en plus dépouillée, à des années lumières d'un genre, le progressif, avec lequel, si ce n'est le pedigree de l'un de ses créateurs, elle noue que très peu de liens. Une guitare discrète sur laquelle plane parfois le spectre de David Gilmour ("Together We're Stranger"), quelques arpèges ("Things I Want To Tell You"), une poignée d'effets, et surtout, ce chant habité beau à en pleurer, sont les ingrédients de chansons racées au rythme posé, simples, mais pas simplistes, comme en témoignent les dix minutes du déchirant "Photographs In Black And White", qui érige une cathédrale de tristesse où tous les regrets d'une vie maussade semblent se cristalliser. Together We're Stranger évoque ces plages britanniques désolée, figées par l'hiver que l'on arpente seul avec soi même... Douloureusement beau.(13.05.2007) ⍖⍖⍖⍖

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