CinéZone | Guy Hamilton - La bataille d'Angleterre (1969)


Quatorze ans séparent Les briseurs de barrages de Michael Anderson, considéré à raison comme un des fleurons du film de guerre britannique, de La bataille d’Angleterre. Si dans les années 50, le genre brille généralement par sa noble justesse et son élégante sobriété, ses qualités ont malheureusement disparu à la fin de la décennie suivante, diluée dans un défilé sans âme de vedettes, de surcroit imperméable au dépoussiérage salutaire effectué par toute une nouvelle génération de cinéastes (Lindsay Anderson, Karel Reisz, Ken Loach) à partir des sixties. Toute à la gloire des pilotes de la RAF, l’œuvre de Guy Hamilton propose certes une reconstitution minutieuse (et onéreuse !) de la dite bataille mais l’émotion en est totalement absente. L’utilisation de véritable Spitfires d’époque (ou presque, les puristes pinailleront peut-être sur quelques modestes anachronismes) est à relever mais la valeur d’un film ne se mesure pas nécessairement à son réalisme historique, à son souci des détails. Ennuyeux, l’ensemble manque de souffle et – un comble ! - de grandeur comme si le metteur en scène, dont le métier ne saurait pourtant être contesté (confer Les indomptables de Colditz ou ses James Bond), était écrasé par son confortable budget et la bravoure de ces héros qu'il a la lourde tâche d’honorer à la manière d’un mémorial. 


Malgré des séquences aériennes et celles du Blitz effectivement très réussies (la photographie de Freddie Young n’y est pas étrangère), La bataille d’Angleterre ne survit en définitive que par à son incroyable plateau qui convoque la crème des acteurs britanniques (Laurence Olivier, Trevor Howard, Robert Shaw, Kenneth More, Ralph Richardson, Harry Andrews, Edward Fox...) au milieu desquels Susannah York se sent bien seule. Mais là encore, aucun d’entre eux, à l’exception de Michael Caine et de Christopher Plummer, ne parvient à livrer une performance mémorable, noyé au milieu d’une profusion de personnages auxquels on ne s’attache pas. A l’instar du Jour le plus long (1962) ou de La bataille des Ardennes (1965), dans le sillage desquels il s’inscrit, Battle Of Britain a bien moins vieilli que leurs concurrents guerriers en mode commando (Les canons de Navarone, Les douze salopards, Quand les aigles attaquent), moins authentiques peut-être mais franchement plus jubilatoires ! (14.11.2023) ⍖⍖


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