CinéZone | Maurizio Lucidi - 3 salopards, 1 poignée d'or (1967)


A l’instar des autres (sous) genres, le western spaghetti a ses classiques (les Leone, Django), ses œuvres cultes (Tire encore si tu peux), ses grands (Le dernier face-à-face, Le grand silence) ou mauvais (les ersatz de Sartana et autres) films, ses grands n’importe quoi (La brute, le colt et le karaté). Et puis, il y a tout le reste, toutes ces petites cartouches aussi délassantes qu’efficaces, honnêtes sans être indispensables. 3 salopards, 1 poignée d’or rejoint ainsi cette kyrielle de westerns que les Italiens usinaient alors à la chaîne. Maurizio Lucidi est derrière la caméra. Comme ses copains  de jeu, il a suivi les modes du cinéma bis de la péninsule, tâtant du western donc (Amigo, mon colt a deux mots à te dire), de la comédie érotique (Deux cœurs et une chapelle) et surtout du polar qui lui inspire ses meilleures bobines (La victime désignée, La dernière chance, L’exécuteur). Il fut auparavant monteur pour, excusez du peu, Dino Risi (Le fanfaron) ou Pasolini (L’évangile selon Saint Matthieu), expérience qui lui dicte une technique rigoureuse dont La più grande rapina del West est le témoin. Nous sommes en 1967, le genre affiche encore une certaine tenue, il n’a pas encore sombré dans la parodie qui lui sera fatale quelques années plus tard. Méconnu et oublié (ceci expliquant cela), il n’en mérite pourtant pas moins qu’on pose un œil sur lui et ce, au moins pour deux raisons. 


La première tient à sa manière de s’éloigner des standards fixés par Sergio Leone dont certains cadrages évoquent néanmoins le travail. La partition mélancolique de Luis Enriquez Bacalov n’est pas une énième copie de Ennio Morricone, des personnages féminins au caractère bien trempés, bien qu’ils manquent d’épaisseur et cette approche attentiste finalement plus américaine qu’européenne confèrent ainsi au film une certaine personnalité. La seconde réside bien sûr dans son excellente distribution. S’il se montre comme toujours très à l’aise un pistolet à la main, le visage mal rasé, vigoureux et décontracté, George Hilton se fait pourtant voler la vedette – il faut dire qu’il passe une bonne partie du récit derrière les barreaux – par Hunt Powers (Jack Betts) et surtout Walter Barnes en chef de bande truculent dont la carcasse imposante n’est pas inconnue des clintophiles (on le retrouvera dans L’homme des hautes plaines, Doux, dur et dingue et Bronco Billy), lesquels sont flanqués des sales gueules hirsutes habituelles (Mario Brega, Sal Borgese) et d’un séduisant plateau féminin (Erika Blanc, Katia Christine, Sonia Romanoff). Ajoutons à cela un braquage original, un rythme soutenu et on obtient en définitive un western spaghetti de bonne tenue même s’il porte déjà en lui les germes de l’évolution fâcheuse qui ne tardera pas à condamner le genre. (01.01.2024) ⍖⍖



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