L'air de Bucarest serait-il porteur de vertus créatrices mystérieuses ? On serait tenté de le penser à l'écoute de cette troisième offrande des Grecs de On Thorns I Lay, exilés aujourd'hui dans la capitale roumaine, où ils ont mis le grapin sur quelques demoiselles du cru plutôt talentueuses pour assurer une partie du chant, des claviers et, grande nouveauté, du violon. Après deux opus pataugeant dans un dark death atmosphérique qui n'était pas sans qualité (sur Orama, surtout), le groupe entame une mue radicale qui le voit s'éloigner à grands pas du metal extrême. Initiative ô combien lumineuse, tant ce nouveau visage lui convient en réalité bien mieux. Crystal Tears se glisse dans les méandres du metal atmosphérique tout court, sans grognement caverneux, mais avec un chant féminin angélique du plus bel effet, des violons mélancoliques et surtout des ambiances d'une tristesse sans fin, qui imprègnent tous les morceaux, notamment l'hypnotique "Crystal Tears II" ou le superbe "Enigma" et le long et bouleversant "Feelings". On Thorns I Lay a enfin appris à composer de vraies chansons, plus ramassées qu'auparavant, mais aussi plus équilibrées.
Envoutantes ("Crystal Tears","Ophelia", "Eden" et ses notes de piano promptes à vous tirer des larmes...), elles vous attrapent d'entrée de jeu, souvent conduites par des lignes de violon entêtantes et belles comme un chat qui dort, pour ne plus vous lâcher. Alors certes, le changement d'identité est radical, et ne serait-ce l'atmosphère désespérée de Crystal Tears, on pourrait même croire que l'on a affaire à un autre groupe. Il y aura bien quelques fans bornés pour le regretter. Nous n'en faisons pas partie. Habillé d'un digipack luxueux et inspiré, orné d'une bien troublante pochette, cet album est donc une (très) bonne surprise, de celle que l'on attendait pas, surtout d'une modeste formation comme On Thorns I Lay, qui pour le coup, nous dévoile un talent, une inspiration dont on ne l'aurait pas cru capable. Seul le chant masculin ne semble pas à sa place et mériterait de passer purement et simplement à la trappe tant les vocalises féminines, délicieusement soulignées par les instruments à cordes, se suffisent à elles-mêmes. Toutefois, il s'agit là d'un défaut bien mineur qui ne doit en rien altérer cette indéniable réussite. (08.04.2007) ⍖⍖⍖
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