CinéZone - Tulio Demicheli - 077 intrigue à Lisbonne (1965)


Suite au succès surprise de James Bond 007 contre Dr No en 1962, les artisans du bis européen ne tardent pas à usiner du film d’espionnage à tour de bras alors que la mode du péplum s’essouffle, bientôt chassée par celle du western spaghetti. Ce sous-genre nommé europsy ne produira qu’une cinquantaine de films entre 1964 et 1968. Pas vraiment réputés pour se creuser la tête, les Italiens imaginent un ersatz de l’espion créé par Ian Fleming qu’ils baptisent donc 077 (!). Incarné par Ken Clark dans une trilogie (Opération Lotus bleu, Fureur sur le Bosphore et Mission spéciale Lady Chaplin), ce héros sera toutefois décliné dans une multitude de bandes d’espionnage qui n’ont parfois qu’un très lointain rapport avec le métrage originel de Sergio Grieco, à tel point qu’on finit par les confondre, entre A077 défie les tueurs d’Antonio Margheriti, Agent 077 - Heißes Pflaster Tanger de Gregg Tallas ou Agent 077, opération Jamaïque de Jesus Franco. C’est d’ailleurs l’auteur de L’horrible docteur Orloff qui signe le scénario et la musique (sous le pseudo de Daniel White) de 077 intrigue à Lisbonne, autre exemple d’aventure de ce James Bond du pauvre, auquel l’Américain Brett Halsey prête cette fois sa virilité tranquille et un peu molle. 


Coproduction italo-franco-espagnole, Mision Lisboa ne figure pas parmi les meilleurs eurospy dont aucun d’entre eux n’est de toute façon indispensable mais, en dépit d’une intrigue pas très claire (euphémisme), il ne manque pas d’un petit charme, celui des serials et des romans de gare. Il a aussi pour lui, outre une curieuse ambiance qui le vernit par moments d’une touche gothique voire giallesque, son casting enthousiasmant que peuplent, aux côtés de Fernando Rey ou de Daniel Ceccaldi (?) dont on se demande ce qu’il vient faire là, de nombreuses beautés familières du bis européen des  années 60, de Marilu Tolo à Erika Blanc, de Jeanne Valérie à Barbara Nelli ou bien Francesca Rosano, sans oublier l’apparition furtive de George Nader, autre acteur américain échoué sur le vieux continent. Un règlement de comptes au sommet du clocher d’un monastère achève sur une note spectaculaire cette série B aussi modeste que divertissante à l’esthétique finalement plus hispanisante qu’italienne, ce qu’elle doit bien sûr à ses décors mais aussi à Jesus Franco et à Tulio Demicheli, réalisateur à tout faire argentin qui a promené sa caméra entre le Mexique et l’Espagne. (14.02.2024) ⍖⍖


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