Lancé, comme bien d’autres comiques, par la fameuse émission culte Saturday Night Live, Mike Myers triomphe au cinéma en 1992 avec Wayne’s World. Après une suite décevante et un laborieux Quand Harriet découpe Charlie en 1993, il doit véritablement attendre la trilogie Austin Powers, entre 1997 et 2002, pour renouer avec le succès. Il imagine pour l’occasion, dans un swinging London aussi chamarré que fantasmé, un espion photographe aussi lubrique que délirant dont on comprend mal comment, avec ses dents gâtées et sa pilosité excessive, il peut emballer toutes les gonzesses, lesquelles mouillent littéralement pour lui ! Congelé à la fin des années 60 comme son ennemi juré le docteur Denfer (également interprété par Myers), le premier film le propulse en 1997, manière de jouer sur le décalage entre des sixties sexuellement libérées et des nineties plus sages (le SIDA est passé par là). Comment réagirait-il d’ailleurs s’il se retrouvait à notre époque, moins folle encore, corsetée par la tyrannie des minorités ? Cela pourrait fournir le sujet d’un hypothétique quatrième volet annoncé depuis longtemps sans que le projet ne concrétise réellement mais ceci est une autre histoire.
Parodie des films d’espionnage, Austin Powers multiplie les clins d’œil, à la saga 007 évidemment (Denfer évoque Blofeld, Detta Defagin rappelle Pussy Galore…) mais aussi à Blow Up (le Londres des années 60, la figure du photographe), Chapeau Melon et bottes de cuir (Miss Kensington, mère et filles, toutes de cuir vêtues, ressemblent à Emma Peel), Star Wars (la relation père/fils) voire même à la série Pour l’amour du risque dont il embauche Robert Wagner en n°2. Débile et joyeusement grivois, cet épisode inaugural n’en est pas moins quelque peu décevant car, passé une première partie franchement réussie centrée sur le réveil d’Austin « Danger » Powers et misant à fond sur les gags vulgaires et les répliques salaces (le développeur de pénis suédois, la soif sexuelle intarissable de notre espion qui a les couilles en feu après une période d’abstinence), il perd ensuite en folie à l’instar de son héros qui devient inutilement sérieux (tout est relatif) tandis que l’intrigue s’enlise dans une aventure à la James Bond plus pénible que parodique. Aussi idiot que sexy (à défaut de démonter de grands talents de comédienne, Liz Hurley n’a jamais été aussi craquante), l’ensemble reste néanmoins agréable, peuplé de seconds rôles sympathiques (Charles Napier, Carrie Fisher, Michael York). L’espion qui m’a tiré (!), deuxième volet où Austin Powers / Denfer se fait voler la vedette par le personnage de Mini-Moi, lui est toutefois bien supérieur. C’est d’ailleurs - et de loin - l’épisode le plus abouti et jubilatoire de la trilogie. (23.04.2024) ⍖⍖
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