Jerry Lewis - Le zinzin d'Hollywood (1961)


On pourrait croire qu’en devenant l’auteur complet de ses films à partir 1960 et Le dingue du palace (il continuera cependant de tourner à l’occasion pour Frank Tashlin), Jerry Lewis proposerait ses comédies les plus délirantes or, il n’en est étonnamment rien. En fait, il existe depuis toujours un malentendu à son sujet. Nombreux sont ceux à ne voir en lui qu’un clown tout en grimaces élastiques et voix nasillarde alors que son comique pouvait être bien plus subtil, cachant en outre derrière les pitreries une réelle humanité. En cela, Le zinzin d’Hollywood est parfaitement révélateur de son art. Après Le tombeur de ces dames (1961), il s’amuse à dévoiler l’envers du décor hollywoodien (et de la Paramount au cas particulier, devenue Paramutual). Il campe un benêt embauché comme garçon de course par le puissant patron d’un studio (Brian Donlevy, malheureusement très sous-employé) afin d’espionner ses salariés qu’il suspecte de quelque magouille. Comme on peut s’y attendre, Morty S. Tashman (clin d’oeil à son mentor Tashlin ?) sème gaffes et catastrophes, lesquelles, enchaînées un rythme débridé, tiennent lieu de scénario. 


Là réside la principale faiblesse de The Errand Boy qui souffre de n’être qu’une succession de scènes plus ou moins rôles (la piscine, l’ascenseur, Lewis mimant un grand patron de studio sur fond de jazz). Il en profite pour égratigner gentiment un monde du cinéma parasité d’hypocrites et de lèche-bottes. Reste qu’avec le même genre de mécanique burlesque et une volonté identique de se moquer d’Hollywood, La Party (1968) de Blake Edwards est d’un tout autre niveau. Mais il y a, au milieu de ce torrent de gags inégaux, ces deux étranges marionnettes qui fournissent au film ses moments les plus poétiques, révélant alors la vraie nature de Jerry Lewis, pleine de tendresse et de lucidité dans cet univers où tout n’est qu’apparence et fausseté. S’il n’est pas son meilleur (il fera toutefois bien pire plus tard), Le zinzin d’Hollywood n’en demeure pas moins un des plus célèbres du comédien qu’on préférera toujours cependant  dans les comédies pourtant moins ambitieuses tournées avec Dean Martin (Un pitre au pensionnat) ou celles réalisées par Frank Tashlin... (22.04.2024) ⍖⍖


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