CinéZone | Pierre Granier-Deferre - L'ami de Vincent (1982)


Le cinéma est une étrange alchimie dont le résultat est toujours hasardeux. Parfois ça marche, d’autres fois, pas du tout, alors même que tous les ingrédients sont mélangés pour aboutir à une franche réussite. Tel est ainsi le cas de L’ami de Vincent. Un metteur en scène chevronné (Pierre Granier-Deferre), habitués à diriger des poids lourds du cinéma français (Gabin, Signoret, Ventura, Delon, Trintignant…), un solide scénariste (Christopher Frank qui réalisera peu après L’année des méduses), un auteur récompensé par de multiples prix (Jean-Marc Roberts) qui participe à l’adaptation de son propre bouquin, un grand nom de la musique de films (Philippe Sarde), un beau casting féminin (Françoise Fabian, Anna Karina, Jane Birkin, Marie Dubois, Fanny Cottençon, Marie-France Pisier apparaissent, parfois le temps d’une seule scène) auquel se frottent Philipe Noiret et Jean Rochefort dans une curieuse enquête plus intime que policière… Pourtant, le film ne fonctionne pas, terne et sans émotions. 


Amis depuis l’enfance, Vincent et Albert travaillent ensemble dans un orchestre de music hall. Après que le premier a manqué de peu d’être abattu par une jeune femme qui cherche à venger sa sœur, le second accepte de l’aider à identifier parmi ses très nombreuses conquêtes féminines, celle dont il aurait détruit la vie. Albert plonge alors dans les méandres de la vie sentimentale tortueuse de son ami, dont il se rend compte qu’il le connaît finalement peu, en une quête qui se double d’une découverte en creux de lui-même. Malheureusement, on ne croit pas du tout à cette histoire, ne serait-ce parce qu’on imagine mal, nonobstant un charme certain, Jean Rochefort en séducteur frénétique. De même, il paraît invraisemblable que Vincent et Albert ne comprennent pas plus tôt que la femme qu’il recherche est celle dont ils ont autrefois causé l’accident qui l’a clouée dans un fauteuil roulant. Bancale et expéditive, la fin est à l’image d’un film (presque) raté qui ne somme jamais juste, conduit sans vigueur par un Pierre Granier-Deferre dont il confirme, après Le toubib (1979), la nette érosion du savoir-faire. Seul Philippe Noiret, mélancolique et attachant, semble y croire tandis que le portrait de femmes qu’il brosse se révèle suffisamment varié pour éviter à L’ami de Vincent de s’embourber dans la nasse répétitive que lui tendait son intrigue. (24.04.2024) ⍖


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