CinéZone | Richard Carlson - Quatre tueurs et une fille (1954)


Durant les années 50, le studio Universal s’est spécialisé notamment le western de série B dont beaucoup compensaient leur manque de moyens par une approche du genre souvent audacieuse sinon curieuse. Tel est le cas par exemple de Quatre tueurs et une fille qui jouit d’un petit culte auprès des cinéphiles dont, excusez du peu, Jean-Luc Godard !  Ce qui rend ce film atypique réside d’abord dans son érotisme, certes suggestif mais franchement osé pour l’époque. La peu connue Colleen Miller exsude le sexe par tous les pores, la caméra ne cesse de se coller à ses vêtements constamment retroussés ou mouillés comme lors de cette nuit d’orage chargée d’une ambiance moite et il faut la voir sucer un sucre d’orge avant de secouer une gourde qui finit par gicler son liquide d’une manière pour le moins équivoque ! Comme le titre français le suggère, la ronde sexuelle des quatre tueurs autour de la jeune femme semble intéresser davantage le réalisateur que l’action typiquement westernienne. 


Mais ce climat sensuel n’est pas la seule bizarrerie de ce film qui, bourré d’idées, multiplient les détails surprenants (l’attaque du coffre au début vu à travers un miroir) et les cadrages ambitieux pour une série B (la bagarre entre Rory Calhoun et Charles Drake filmé en plongée), autant d‘éléments qui témoignent de la présence d’un vrai cinéaste aux commandes et non d’un simple tâcheron. Acteur modeste chez Jack Arnold (Le météore de la nuit, L’étrange du créature du lac noir) qui signa une poignée de films entre 1954 (Riders To The Stars) et 1966 (Kid Rodelo), Richard Carlson étonne agréablement comme metteur en scène, faisant preuve d’une inventivité insolente quand bien même Four Guns To The Border tire beaucoup de sa richesse plastique de la photographie chatoyante du maître Russell Mety qui confère à ces décors et ses images une coloration presque gothique. Une solide distribution qu’animent outre Rory Calhoun, George Nader aux faux airs de Stephen Boyd et les indispensables Walter Brennan et John McIntire, complète ce petit western où les vilains ne le sont finalement pas tant que cela, comme l’illustre son happy-end qui voit les bons sentiments l’emporter sur la violence. (26.03.2024) ⍖⍖


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