Il est des albums dont on n’attend pas forcément grand chose de prime abord. Ce premier essai de The Provenance, combo originaire de Suède, et de Göteborg, pour être plus précis, fait partie de ceux-là. Un jeune groupe utilisant une formule éprouvée (alternance de vocaux féminins et masculins), en provenance du berceau de toute la scène death mélodique suédoise : bref rien de bien nouveau dans le ciel noir du metal extrême. Pourtant, une fois le disque en question posé sur la platine, ce jugement hâtif se trouve rapidement balayé par la classe de musiciens déjà en pleine possession de leur art. Si les deux premiers titres arpentent des chemins balisés, gothic pour «Deluted Into Delirium », death façon Dark Tranquillity période The Gallery pour « For Whom I Bleed », dès le gigantesque « Shut Down », les Suédois s’éloignent des rivages connus pour dérouler une musique à cheval sur plusieurs genres : gothic (le chant), death (certains passages bien furieux) et surtout, le rock progressif des années 70 (les structures alambiquées des chansons, le recours fréquent à la flûte et à l’orgue Hammond comme sur le morceau éponyme).
Bien que plus extrême que les disques qui lui succéderont, 25th Hour ; Bleeding définit cependant déjà l’identité d’un groupe à part au sein du metal à chanteuse. Le son s’avère moins stéréotypé, le chant plus intéressant grâce à une palette vocale davantage diversifiée (féminin angélique, masculin clair à la Garm du groupe Ulver ou façon gargouille) et des atmosphères douloureusement mélodiques qui l’emportent toujours sur l’agression pure. Avec habileté, les musiciens parviennent à dynamiter un genre (le mariage de la belle et de la bête) où tout semblait avoir été dit ; les terrassants « Ignominy Embodied » et surtout « Listening » (qui mélange avec bonheur rythmique death, chants clairs ou extrêmes, flûtes à la Empyrium) en constituent la plus parfaite démonstration. Alors certes, certaines conventions ne sont pas toujours évitées, mais cela n’enlève rien au charme et à la qualité intrinsèque de ce qui n’est que le premier album d’un groupe inconnu, qui ne le restera pas longtemps, du moins, espérons le ! (22.01.2007) ⍖⍖⍖
Commentaires
Enregistrer un commentaire