Peter Cushing et André Morell à nouveau réunis par la Hammer, après Le chien des Baskerville (1959) et avant La déesse de feu (1965), cela pourrait être l’affiche d’un film d’horreur ou fantastique mais Cash On Demand compte en fait parmi les nombreux polars que la firme anglaise a produits et dont on ne soulignera jamais assez tout le bien qu’il faut souvent en penser (Un homme pour le bagne de Val Guest par exemple). Bien que totalement méconnu, cet astucieux mélange entre le conte de Noël à la Dickens et le film de braquage compte lui aussi parmi les plus réussis. Et les plus savoureux assurément. Peter Cushing compose avec son talent coutumier, basé notamment sur toute une mécanique gestuelle très précise, le directeur d’une petite banque de province, Harry Fordyce, sévère et rigide, qui ne manifeste aucune empathie pour ses employés. Il nous évoque évidemment le personnage de Scrooge de "A Christmas Carol", d’autant plus que l’intrigue se déroule le soir de Noël. Un homme débarque à l’improviste, le colonel Hepburn (André Morell). Il se fait passer pour un représentant de la compagnie d’assurance de l’établissement bancaire ; il s’agit en vérité d’un voleur qui a imaginé un plan habile pour dérober le magot que le coffre renferme.
Après d’être enfermé avec Fordyce, il lui fait croire qu’un complice retient en otage sa femme et son fils. Ceux-ci seront abattus s’il ne coopère pas. On comprendra plus tard que le criminel a e fait agit seul et que la famille du directeur n’a jamais été menacée. On devine que l’importance de la somme (97 000 livres) exceptionnellement conservée dans la banque n’est pas l’unique raison qui a poussé Hepburn a jeté son dévolu sur celle-ci, la personnalité même de Fordyce dont il va pouvoir utiliser les failles pour le manipuler plus facilement, joue aussi un rôle fondamental dans son plan. Il faut voir le colonel s’amuser non sans gourmandise avec sa victime, en lui faisant la morale et en le mettant face à ses propres faiblesses. Mais, d’abord antipathique, on s’attache peu à peu à Fordyce qui, en révélant ses fêlures et sa solitude, gagnera en humanité. Le suspense n’en est pas moins haletant et le film tient en haleine, ne souffrant à aucun moment d’une origine théâtrale pourtant évidente et ce malgré des personnages secondaires sacrifiés. Quentin Lawrence (Playback d’après Edgar Wallace) assure un travail honorable mais il va sans dire que Cash On Demand lui doit moins son excellente tenue qu’à son scénario habile et à l’interprétation complice d’André Morell et de Peter Cushing, lequel nous offre en prime une de ses compositions les plus justes. Une pépite oubliée à découvrir impérativement. (25.08.2024) ⍖⍖⍖
Commentaires
Enregistrer un commentaire