Scar Symmetry - Holographic Universe (2008)


Dès le début ou presque, le brutal death metal a tenté de pénétrer avec force coups de boutoir la délicate musique progressive. Cynic, Pestilence ou Atheist sont les noms de ces violeurs de l’extrême qui durant les temps anciens – à la ménopause des années 80 et durant la virginité des années 90 - ont essayé de marier la violence à la technicité. Ce furent des pionniers, parfois incompris mais la graine a bien été plantée. En effet, il n’est plus rare aujourd’hui d’assister à ce genre d’ébats sauvages. Mais ils peuvent prendre deux formes différentes : soit les musiciens décident de faire dans la gériatrie, en honorant donc les groupes des seventies (option retenue dernièrement par Opeth) soit au contraire en faisant dans le jeune, c’est-à-dire, en jetant son dévolu sur le metal progressif à la Dream Theater. Scar Symmetry est de ceux-là. Si les deux premiers travaux d’approche (Symmetric In Design et Pitch Black Progress) n’avaient pas réellement marqué les esprits, il n’en va pas de même de Holographic Universe : cette fois, c’est la bonne. Les préliminaires maladroits passés, les deux corps chauds s’emboîtent désormais parfaitement. Les râles oscillent entre rage (les voix d’outre-chiottes de rigueur) et plaisir (le chant clair, divin) ; les rythmes s’accélèrent parfois (« The Missing Coordinates », « Prism And Gate » par exemple), déversant une fontaine de notes. 


Toujours mélodiques, les Suédois, s’ils maîtrisent parfaitement leurs instruments qu’ils manient avec puissance et inventivité, savent pourtant ne pas trop faire étalage de leur supériorité, quand bien même ils n’ont pas résisté à faire durer le plaisir le plus longtemps possible lors de l’ébouriffant titre éponyme de près de 10 minutes. Quelle santé ! La technique n’étouffe donc jamais une musicalité étonnante. Avec des brûlots de la trempe humide de « Morphogenesis », « Quantumleaper » ou « Ghost Prototype I – Measurement Of Thought », balayé par des soli presque digne de Malmsteen, l’orgasme nous guettent ; difficile de se retenir plus longtemps. On pense à Devin Townsend, voire au Nightingale dernière période, en moins hard FM toutefois et nettement plus bourrin. Enregistré dans le studio (le Black Lounge) du guitariste et leader de la formation, Jonas Kjellgren (Centinex, World Below, Carnal Forge…), encore un de ces stakhanovistes priapiques qui ne peuvent se satisfaire d’une seule fente , Holographic Universe fait partie de ces albums qui ont le potentiel pour ratisser large, pouvant aussi bien séduire les fans de prog (bien burné à la Rocco quand même) que les amateurs de jouissances extrêmes (le chant de gargouille et les rythmiques de rouleau compresseur ne peuvent ignorer leur origine death metal). Une excellente surprise donc tant l’éjaculation est épaisse et abondante… et on espère, fertile. (23.07.2008) ⍖⍖⍖

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