Philippe de Broca - L'homme de Rio (1964)


L’origine de L’homme de Rio naît autant d’une conversation entre Philippe De Broca et son producteur Alexandre Mnouchkine lors d’un voyage au Brésil pour la promotion de Cartouche (1962), où ils imaginent y tourner un film dont le point de départ serait un Belmondo, costume blanc et cigare à la bouche, descendant d’un avion, que du souhait du réalisateur d’adapter les aventures du héros de Hergé au cinéma après qu’il a été envisagé à la mise en scène de Tintin et le mystère de la toison d’or. De Broca sent bien en effet que porter à l’écran les péripéties du fameux reporter de manière littérale ne peut fonctionner. A une adaptation fidèle, il préfère butiner dans l’œuvre d’Hergé des clins d’œil, des scènes et aussi une façon de raconter une histoire. Parfaitement revendiqués, les emprunts à Tintin sont ainsi manifestes dans L’homme de Rio et ce dès l’ouverture dans le musée avec le vol d’une statuette qui ne peut qu’évoquer L’oreille cassée (1943). Belmondo qui enfourche une moto rappelle Le sceptre d’Ottokar (1947) ou accroché à la façade d’un hôtel, Tintin en Amérique (1932) tandis que les statuettes renferment des parchemins comme les maquettes de bateau dans Le secret de la licorne (1943). La ligne droite que suit le scénario où chaque séquence entraîne la suivante en une longue course-poursuite interrompue reproduit également une mécanique chère au dessinateur Belge. En revanche, Belmondo n’est pas Tintin, avec lequel il partage certes la témérité mais pas le caractère asexué. Adrien Dufourquet est plus proche d’un Bob Morane voire même du James Bond originel ou du héros hitchockien de La mort aux trousses


En cela, il est facile de voir L’homme de Rio comme la réponse française aux films d’aventure ou d’espionnage anglo-saxons du début des années 60, créant du coup presque un nouveau genre : la comédie d’aventure. Avec en sus ces résidus de la Nouvelle vague telle qu’une folie un brin absurde (la voiture rose avec des étoiles vertes) et surtout la pureté des plans teintés d’étrangeté de la ville de Brasilia encore déserte et ses bâtiments aux silhouettes futuristes, qui lui  confère un cachet un peu arty bien particulier, auquel participe par ailleurs la patte gentiment anarchiste du scénariste Jean-Paul Rappeneau. Si le film traîne quelque peu en longueur, s’égare lors de l’interminable fête donnée par le personnage campé par Adolfo Celi, la fougue bondissante de Belmondo emporte tout. Passant son temps à galoper, multipliant les cascades qui feront sa renommée, il fixe dans L’homme de Rio son personnage cabotin et acrobatique. Bébel est né. Il ne serait rien toutefois sans l’abattage et l’insouciance d’une François Dorléac au charme fou. Très gros succès, L’homme de Rio établira les codes de la comédie d’aventures à la française et imposera Belmondo en héros populaire, que Philippe De Broca dirigera à quatre autres reprises, notamment à l’occasion du Magnifique (1973), sans aucun doute le sommet  de leur collaboration. (16.10.2024) ⍖⍖⍖


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