George Lucas - American Graffiti (1973)


Jusqu’à ce qu’il se sente obligé de compléter la saga Star Wars à la fin des années 90 (La menace fantôme etc), ce dont il aurait pu se dispenser, George Lucas est longtemps resté le réalisateur de trois films seulement : La guerre des étoiles (1977) évidemment et avant lui, THX 1138 (1971) puis American Graffiti (1973). Nommé à l’Oscar du meilleur film, ce dernier lui ouvre la voix du succès et passe aujourd’hui pour une œuvre culte qui a lancé son auteur et les comédiens Harrison Ford et Richard Dreyfuss. Votre serviteur ne partage pas l’engouement général pour cette sorte de Fureur de vivre au ketchup des années 60. Nourri des propres souvenirs de George Lucs, American Graffiti suit le destin croisé d’une bande de potes durant la nuit qui précède leur départ vers d’autres horizons. Ils aiment le rock‘n’roll, les belles mécaniques et les filles (pas nécessairement dans cet ordre).  Chacun d’entre eux, en quête de sexe, sortira grandi et plus mûr de cette dernière nuit aux allures de passage initiatique. Alors qu’elle menaçait d’imploser, la relation entre Steve (Ron Howard) et sa copine sort renforcée, malgré ses airs de Jerry Lewis, Grenouille (Charles Martin Smith) réussit à emballer une nana trop belle pour lui, Curt (Richard Dreyfuss) court après un fantasme et John (Paul Le Mat) se trouve flanqué d’une gamine faussement délurée. Pour eux, la drague est indissociable de la bagnole, outil de séduction et de virilité. 


Une bonne partie du film les voit au volant ou sur la banquette arrière, faisant ronfler le moteur comme un vît en érection, s’affrontant en une quête éminemment sexuelle (les dialogues regorgent d’ailleurs de sous-entendus salaces) jusqu’à la course finale, orgasme néanmoins rapidement avorté, châtré par la sortie de route d’une des deux voitures qui termine sur le toit en une métaphore de l’impuissance de son pilote, l’antipathique Bob Falfa (Harrison Ford). Vain et ennuyeux malgré le charme certain qu’il dégage, American Graffiti se réduit finalement à des types qui draguent en sillonnant les rues dans leur grosse caisse et tout ça pendant près de deux heures qui calent très vite, succession de saynètes d’un intérêt inégal. Les plus enthousiasmantes sont celles qui suivent Richard Dreyfuss, teintées d’une certaine mélancolie. Nostalgique, le film parlera surtout aux Américains qui ont vécu cette époque bénie dont l’insouciance ne tardera pas à être balayée par la guerre du Vietnam et le scandale du Watergate. Mais il est vrai que dans l’inconscient du cinéphile, l’Amérique des sixties restera toujours associée à ces presque puceaux qui courent les filles entre drugstore, drive-in et bal de fin d’année sur fond de course de bagnoles et de rock’n’roll craché par un autoradio. (25.02.2025) ⍖⍖


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