Si Kveldssanger explorait les penchants les plus folk du groupe, Nattens Madrigal lui nous montre son visage le plus brutal. Fini les guitares acoustiques et les chants vikings au coin du feu au fond d’une forêt, ce troisième opus d’Ulver est un pur album de true Black avec ce son grésillant et crado propre à Darkthrone et aux premiers méfaits de Burzum. Le patronyme des Norvégiens signifiant dans leur langue natale « loup », le groupe n’a donc jamais aussi bien porté son nom. En effet, Nattens Madrigal s’apparente à une déflagration sonore ; ça blast à 100 à l’heure pendant plus de 40 minutes sans jamais débander tandis que Garm éructe de sa voix de gargouille à s’en arracher les boyaux. Malgré tout, il y a ce sens de la mélodie, déjà présent sur les deux premières offrandes, qui propulse le tout vers le haut. Certes, c’est du brutal, mais la musique n’est jamais cacophonique car elle est l’œuvre d’artistes talentueux qui ne se planquent par derrière une production dégueulasse et un tempo ultra rapide pour masquer un manque d’inspiration.
Au contraire, on sent chez Ulver une vraie sincérité et une envie d’en découdre comme s’il savait déjà que cet album serait son chant du cygne dans le domaine du black metal. Nous sommes donc très loin de ces étrons vomis dans une cave par tous ces obscures combos de true black opportunistes qui pullulent aujourd’hui et gangrènent une scène de plus en plus rongée par le conformisme alors que cette musique se voulait au départ un vrai cri de révolte. Si vous désirez vous envoyer dans les esgourdes un bon disque de pur black à la norvégienne, Nattens Madrigal est fait pour vous. Signé chez Century Media, et armé de cette bombe, Ulver aurait pu continuer sur sa lancée et connaître le succès à l’instar de ses compatriotes d’Immortal ou d’Emperor par exemple ; il en décidera pourtant autrement comme l’aventureux The Marriage Of Heaven And Hell le montrera de si belle manière. (2006) ⍖⍖
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