Richard Fleischer - Le pigeon d'argile (1949)


A l’instar de Nicholas Ray ou d’Anthony Mann, Richard Fleischer a fait ses classes au sein de la RKO, studio pour lequel il usine à un rythme soutenu d’attachantes séries B entre 1948 et 1952. Ce n’est ainsi pas moins de trois films qu’il mouline en 1949 : Le pigeon d’argile, L’assassin sans visage et Le traquenard. Ceux-ci témoignent des incontestables progrès déjà réalisés depuis Bodyguard (1948), film noir prometteur au demeurant. Le premier d’entre eux se déroule peu après la Seconde Guerre mondiale. Dans un hôpital, un matelot se réveille d’un long coma. Amnésique, il devine qu’il est accusé d’un meurtre qu’il aurait commis dans un camp de prisonnier japonais. Promis à la Cour Martiale. il s’évade, espérant retrouver d’anciens compagnons pour l’aider à l’innocenter. Il y a beaucoup de bonnes choses dans The Clay Pidgeon. Les nombreux extérieurs (notamment dans les rues de Chinatown) nourrissent la mise en scène nerveuse d’un Richard Fleischer qui s’accommode parfaitement du format trapu imposé et multiplie les belles idées visuelles, dont ce canon de revolver en gros plan grâce auquel le récit retourne au présent après un court flash-back. 


Le dénouement dans un train annonce L’énigme du Chicago Express (1952) dont il se veut une sorte de brouillon et une ambiance paranoïaque enserre cette enquête que conduit un homme traqué par des types inquiétants. Les préoccupations humanistes du scénariste Carl Foreman, qui peu après sera victime des fourches caudines du Maccarthysme, se lisent aisément dans la figure de l’innocent hâtivement condamné par une simple délation et dans le refus de tout manichéisme. Si les Japonais sont dépeints sous des traits sadiques encore obligatoires à l’époque, la scène très émouvante où la veuve d’un soldat chinois ayant servi dans la division sino-américaine 442e Regimental Combat Team, cache le héros, tempère les préjugés à l’encontre des Asiatiques. Un méchant (le futur réalisateur Richard Quine) dont l’identité est facile à flairer, un acteur principal trop inodore et l’idylle convenue avec un personnage féminin qui a tôt fait d’oublier la mort de son mari, rognent à peine l’excellente tenue de ce thriller haletant. (25.03.2025) ⍖⍖


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