Sergio Grieco - L'agent Gordon se déchaîne (1966)

De tous les « Sergio » du cinéma italien, Grieco ne jouit pas de la même cote que Leone, Corbucci ou Sollima. On ne s’ennuie pourtant jamais en la compagnie de cet ancien assistant de René Clément (sur Au-delà des grilles avec Jean Gabin) qui, après avoir besogné du film de cape et d’épée (Le masque noir) puis du péplum (L’esclave de Rome), s’est spécialisé dans l’eurospy, sous James Bond dont il a signé avec une agréable absence de prétention quelques titres emblématiques tels que Opération Lotus bleu, Fureur dans le Bosphore ou bien encore Mission spéciale… Lady Chaplin avec Ken Clark. L’agent Gordon se déchaîne est de ceux-ci mais sans Ken Clark, remplacé, plutôt efficacement d’ailleurs, par Roger Browne, lui aussi acteur américain échoué en Italie, que Grieco dirigera à nouveau l’année suivante dans Du rififi à Amsterdam. 

Il tient le rôle d’un agent secret dont la mission est de contrecarrer les plans d’une organisation qui fournit des armes aux Vietcongs. Tourné entre Paris, Tripoli et Madrid, le film comble son évident manque de sous par une action constante, ses jolies filles (Rosalba Neri) et son acteur principal sympathique tout en mâchoire virile et biscotos saillants. Une pointe de sadisme (la superbe Helga Liné écartelée), un curieux travelo comme méchant cloué une bonne partie de l’histoire dans un fauteuil roulant (Franco Ressel) ainsi que, dans sa version française, un doublage de qualité assuré par les voix familières de Roger Carel, Hubert Noël, Michel Roux ou Jacques Thébault, complètent l’actif de ce film d’espionnage aussi nerveux que décontracté qui mérite beaucoup mieux que sa piteuse réputation, eurospy pourtant parmi les plus agréables que le genre ait enfantés avec en sus le petit charme unique bis européen. (09.04.2025) ⍖⍖