KröniK | Y&T - Black Tiger (1982)


Le fait est entendu. Y&T n’a jamais (sa carrière n’est pas terminée, mais bon...) donné naissance à ce que l’on appelle un chef-d’œuvre, si tant est que ce terme signifie réellement quelque chose. Pourtant, il a dans son escarcelle au moins un album qui pourrait presque prétendre à ce titre : Black Tiger. Publié en 1982, soit un an après Earthshaker, il corrige le seul et relatif défaut de ce dernier puisqu'il peut compter sur la production puissante de Max Norman (Ozzy Osbourne, Megadeth, Savatage...), laquelle permet au Hard Rock très personnel des Américains de gagner encore en ampleur. Après des débuts timides mais non sans charme, on sent bien que le groupe s’inscrit dans une phase ascendante évidente. Les couleurs de l’inspiration dressées bien haut et pouvant donc s’appuyer sur une prise de son enfin à la hauteur de leurs ambitions, Dave Meniketti et sa bande se sont littéralement déchirés avec ce Black Tiger au menu des plus variés qu’aucune baisse de régime, qu’aucun morceau clairement destiné à faire du remplissage ne viennent polluer. De l’intro "From The Moon" (en fait les première mesures de "Forever") à la remarquable power-ballad terminale "Winds Of Change", mètre-étalon du genre alliant force et émotion, c’est du lourd que nous offre les Californiens, lesquels se fendent en sus de plusieurs joyaux de leur honorable répertoire. 


C’est tout d’abord avec "Open Fire", titre accrocheur parfait pour mettre le feu, qu'ils ouvrent le bal. Vient ensuite l’immense "Forever", probablement la composition la plus mémorable jamais écrite par le groupe, sorte de synthèse de la signature Y&T avec son tempo efficace, son chant puissant et son solo de guitare jouissif et généreux. C'est enfin avec le morceau éponyme rapide et groovy à l’ouverture toute en atmosphère qu'ils clôturent cette suite de tubes. Pour toutes ces raisons, Black Tiger fait figure d’aboutissement dans la carrière de ses géniteurs qui ont alors atteint leur maturité artistique. Pourtant, malgré la belle tenue de route de cette quatrième galette, le succès peine encore à véritablement toucher les Américains, auteurs d’un Hard Rock qui échappe finalement aux classifications et ce faisant, à l’usure du temps. Arrivé trop tard ou trop tôt, c’est selon, et détenteur d’une patte qui n’appartient qu’à eux à la fois heavy, chaleureuse et bluesy, trop dur pour les fans d’AOR ou pas assez pour les amateurs de riffs saignants, Y&T a toujours eu du mal à trouver son public. C’est finalement en ramollissant sa musique sur les opus suivants au détriment de sa singularité que le groupe connaîtra le plus de succès. Nous leur préfèrerons toutefois et sans la moindre hésitation ce Black Tiger de haute volée. De toute façon, ne serait-ce que pour "Forever", il mérite sa place dans toute bonne discothèque qui prétend l’être ! S'il ne devait en rester qu'un... (23.02.2011 | MW) ⍖⍖⍖

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