KröniK | Y&T - Earthshaker (1981)


Coincé entre la génération des Kiss, Van Halen ou Aerosmith, et celle du Hair Metal, Y & T a toujours occupé une place à part au sein du hard-rock américain des années 80, décennie qui correspond pourtant à son âge d’or. Ni provocateur ni glamouze, même si à partir de l’inégal Down For The Count (1985), ses membres commenceront eux aussi à afficher de belles permanentes à rendre jalouses les gonzesses, le groupe n’a tout simplement pas les mêmes racines que WASP, Ratt et autre Mötley Crüe. Lorsque sort en 1981 ce qui reste certainement avec Black Tiger, son œuvre la plus célèbre, Y&T a déjà de la bouteille et deux opus dans sa besace, lesquelles, en dépit de réelles qualités et d’un petit charme évident, n’ont pas rencontré le succès attendu. Les trois années de silence séparant Struck Down de Earthshaker, ainsi que la modification du nom (Yesterday And Today se voyant réduit à de simples initiales comme pour épouser celles de sa nouvelle maison de disque), traduisent alors clairement chez les Américains une volonté d’entamer un nouveau départ. Oubliés aujourd’hui, les deux galettes séminales leur auront au moins permis d’être repérés par la puissante major A&M, dont le catalogue est alors riche en réussites Hard FM (Styx…). 


Fort d’une exposition comme il n’a encore jamais pu en bénéficier, Y&T livre en ce début des années 80 un troisième album du feu de Dieu dont beaucoup croient qu’il s’agit de son premier. Earthshaker, c’est une pelleté de tubes en puissance qui trente ans après leur création n’ont pas pris la moindre ride. Le lourd et poignant "Rescue Me", sorte de power-ballad teintée de désespoir, "Dirty Girl" et sa lente introduction, le heavy "Hurricane", et bien entendu "I Believe In You", longue montée en puissance déchirante de beauté à l’accélération finale irrésistible, forment ainsi une brochette exceptionnelle de titres qui n’ont absolument rien perdu de leur pouvoir de séduction et incarnent toujours des moments incontournables durant les concerts du groupe aujourd’hui. Apogée en même temps que vitrine de Earthshaker, ces hymnes ne doivent par pour autant phagocyter le reste d’un album qui aligne bien d’autres titres, certes moins connus et évidemment en deçà mais non sans qualités, de la mise en bouche "Hungry For Rock" au très rock’n’roll "Squeeze", sans oublier "Knock You Out", chacun d’entre eux étant propulsé par la voix puissante et la six cordes volubile de Dave Meniketti, lequel se fend à chaque fois de soli racés ruisselant d’un feeling bluesy. Néanmoins, malgré le rôle de leader incontestable qu’il a toujours joué, on ne saurait réduire Y&T au seul Meniketti. La section rythmique assurée par la paire Phil Kennemore et Leonard Haze, à laquelle s’ajoute le jeu de Joey Alves à la seconde guitare, abat derrière un travail solide et constitue de fait un rouage essentiel du son des Américains. Avec sa patte à la fois hard, puissante et bluesy, Earthshaker s’impose comme un classique justifié du métal US des années 80 que bien moins de poussière ne recouvre comparé à certains disques d’or de la même époque. On lui préférera toutefois son successeur, le fameux Black Tiger qui fera plus que transformer l’essai.(01.02.2011 | MW) ⍖⍖⍖

                          

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