La relève forme la troisième et dernière variation autour du personnage de flic interprété par Clint Eastwood, après L’épreuve de force et La corde raide de Richard Tuggle. Habilement, le film joue sur les codes créés par la série des Dirty Harry. Ainsi, au début du récit, Nick Pulowski se voit adjoindre sans enthousiasme un nouveau coéquipier. Comme souvent avec le cinéaste, il est un individualiste, obsédé par son travail et sa mission. Mais Pulowski n’est pas l’inspecteur Harry et la vengeance constitue le principal moteur de son action. Cette quinzième réalisation de Eastwood se penche aussi sur la personnalité du coéquipier, un jeune homme tourmenté par la culpabilité, du fait de la mort de son frère dont il se sent responsable. Presque coincé durant la première partie de l’histoire, il se transforme en flic efficace. Quelques uns des thèmes favoris de Clint Eastwood marquent La relève : la culpabilité, la vengeance et la formation d’un plus jeune par un aîné. Ajoutons aussi que les deux principaux protagonistes sont des héros selon son cœur.
Pourtant, il ne s’agit pas du film le plus personnel du metteur en scène, plutôt une œuvre de compromis vis à vis de la Warner suite à l’échec quasi prévisible de son précédent projet, Chasseur blanc, cœur noir. De fait, malgré d’excellentes scènes d’action (la poursuite qui ouvre le récit, le vol plané d’une voiture, l’affrontement dans un aéroport), d’une solide distribution, quand bien même Raul Julia et la sulfureuse Sonia Braga, l’inoubliable Dona Flor et ses deux maris, ne s’avèrent pas très convaincants en couple d’Allemands, d’une mise en scène toujours efficace et de nombreuses touches d’humour (le clin d’œil final qui voit David accepter à contre cœur un nouveau partenaire comme Nick au début), La relève ne constitue en définitive qu’un bon polar, bien entendu supérieur à La dernière cible ou à Pink Cadillac, mais loin du grand cru que l’on pouvait attendre de la part de Clint Eastwood. Si ce dernier est comme toujours parfait, son tandem avec Charlie Sheen ne fait que peu d’étincelles, contrairement à celui que le comédien formait par exemple avec Tyne Daly dans L’inspecteur ne renonce jamais. Reste donc un bon film mais auquel il manque l’alchimie nécessaire entre les deux héros. (2005) ⍖⍖
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