CinéZone | Philip Leacock - Adam's Woman (1970)


Adam's Woman fait partie de ces films qui objectivement ne sauraient susciter la moindre réserve mais dont les évidentes qualités ne leur suffisent pourtant pas totalement à convaincre. Sorte de western australien, il nous rappelle que les Anglais ont utilisé au XIXème siècle cette terre lointaine comme un pénitencier, refuge de toute la lie de la société. Accusé à tort de complicité de meurtre, un jeune américain se retrouve condamné à vingt ans de bagne en Australie. Désireux de coloniser cette contrée, un gouverneur aux idées révolutionnaires lui propose une femme et un bout de terre pour s'y installer. Adam accepte la proposition, choisit une Irlandaise assez rebelle comme moitié et part affronter les dangers de l'outback australien. Curieux, le sujet oscille entre comédie et aventures. Beau Bridges y trouve un de ses meilleurs rôles, solidement épaulées par John Mills, Andrew Keir ou James Booth et flanqué d'une bouillonnante Jane Merrow bien plus convaincante que dans La nuit de la grande chaleur de Terence Fisher. Il faut la voir se métamorphoser peu à peu, farouche et dépenaillée au début, séduisante et romantique à la fin. 


D'une beauté sauvage, les paysages sont magnifiés par la photographie de Bill Butler, chef opérateur de Coppola (Conversation secrète), Spielberg (Les dents de la mer) ou Forman (Vol au-dessus d'un nid de coucou). Mais alors qu'il ne manque ni de charme ni de rebondissements, L'homme qui sortait du bagne (encore un titre français très imaginatif !) peine à passionner, trouvant ses moments les mémorables dans la tendresse naissante qui unit Adam et Bess laquelle, après lui avoir opposé un fort tempérament, finira par s'attacher à lui au milieu de ce périple jalonné de difficultés. Peut-être que Philip Leacock, réalisateur qui n'a signé aucune œuvres marquantes (on se souvient cependant de Lutte sans merci avec Alan Ladd ou L'homme qui aimait la guerre avec Steve McQueen) n'était pas le mieux à même de tirer tout le jus d'un matériau pourtant riche. Plus à l'aise dans l'émotion et les dialogues que dans l'action rugueuse, il fournit toutefois un travail tout à fait honnête auquel il manque donc ce souffle véritablement épique, cette fougue qu'aurait dû lui dicter ce sujet taillé pour l'aventure avec un grand A. Malgré tout, Adam's Woman mérite largement d'être (re)découvert, western des antipodes singulier et attachant. (21.08.2022) ⍖⍖


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