CinéZone | Ralph Thomas - Les 39 marches (1959)


Se frotter à l'oeuvre d'Alfred Hitchcock ne fait pas peur à tout le monde. Ainsi, certains n'ont pas hésité à piocher dans la filmographie du maître du suspense pour en tirer des remakes dont aucun n'a toutefois laissé d'indélébiles souvenirs. Si les tentatives les plus récentes, inutiles et tapageuses, se sont soldées par de cuisants échecs, que l'on songe au Meurtre parfait de Andrew Davis ou au Psycho de Gus Van Sant, qui ont respectivement revisité en 1998 Le crime était presque parfait et évidemment Psychose, des essais plus lointains et modestes ne sont néanmoins ni sans charme ni sans une réussite mineure mais sympathique tels que Man In The Attic de Hugo Fregonese (1953), Step Down To Terror (1958) de Harry Keller ou Les 39 marches de Ralph Thomas, premier des deux remakes avant celui de  Don Sharp en 1978, de cette pierre angulaire de la période anglaise. Il est généralement de bon ton de réduire cette version des années 50 à une pale copie de son modèle dont on a l'impression que finalement seuls les décors naturels d'une Ecosse bucolique trempés dans une palette verdoyante les distinguent tant d'un point de vue formel que narratif. 


Il est vrai que cette nouvelle adaptation du roman de John Buchan ne saurait soutenir la comparaison avec sa devancière qui, en dépit de ses presque quatre-vingt dix ans (!), a d'ailleurs mieux résisté aux affres du temps. Bien sûr, artisan efficace mais sans génie, Ralph Thomas (la série des "Doctors" mais aussi X3 agent spécial ou le culte Plus féroces que les mâles) n'est pas Alfred Hitchcock, plus à l'aise avec l'humour qu'avec le suspense cependant que Taina Elg se montre bien incapable de faire oublier Madeline Carroll avec son jeu dépourvu d'émotions et sa beauté austère vierge du moindre glamour. Mais dans un registre insolant et malin assez éloigné de l'interprétation de Robert Donat en faux coupable embringué dans une sombre affaire d'espionnage, Kenneth More convainc selon son habitude. Le film lui doit beaucoup. Un rythme alerte, un ton léger, de savoureux seconds couteaux issus du patrimoine cinématographique de la Perfide Albion (Barry Jones, Reginald Beckwith...) et l'usage de la couleur enrobant la campagne écossaise sont également à inscrire à l'actif de ce remake agréable au charme délicieusement désuet. (27.09.2022) ⍖⍖


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