CinéZone | Howard Hawks - Seuls les anges ont des ailes (1939)


Des cinq films que Howard Hawks et Cary Grant ont tourné ensemble entre 1938 et 1952 (dont trois d’affilée tout de même), Seuls les anges ont des ailes demeure sans aucun doute le plus grave de tous, L’impossible monsieur bébé ou Chérie, je me sens rajeunir étant il est vrai de pures comédies. Pour cette deuxième collaboration et nonobstant comme toujours chez le réalisateur, de fréquentes touches d’humour, ce sont donc les couleurs du drame qui dominent. La mort rode constamment et imprègne tout le film, à l’image des déchirants moments qui le traversent, tels que la mort du pilote qui ouvre l’histoire ou bien encore, celle particulièrement poignante de Thomas Mitchell. Mais le drame ne se résume pas seulement à la mort de ces personnages. La gravité se retrouve également dans la volonté de rédemption du pilote Kilgallon qui autrefois a laissé mourir son mécano. C’est aussi le personnage interprété par Cary Grant, un dur incapable de demander à une femme de rester auprès de lui. La fin d’ailleurs, qui le voit, certes d’une manière détournée, demander à Jean Arthur de ne pas partir, est très belle (comme le titre du film). 


Avec son côté ténébreux et son charme obscur, Cary Grant s’avère excellent et sa partenaire, égérie des chefs-d'œuvre de Capra (L’extravagant Mr Deeds, Monsieur Smith au sénat), est touchante dans le rôle de Mollie, jeune femme en quête de bonheur, qui a échoué chez ces pilotes de long courrier, perdus quelque part en Amérique Latine. Les deux comédiens partageront à nouveau l’affiche à l’occasion de La justice des hommes (1942) de George Stevens. Comme toujours, avec presque rien (ce qui laisse rêveur comparé au cinéma actuel), Hawks tisse un récit passionnant de bout en bout. Fidèle à ses habitudes, il resserre l’action à l’intérieur de quelques lieux, la baraque des pilotes, les entrailles d’un cockpit, dans lesquels évoluent une poignée de personnages qui voient l’intrusion d’un élément féminin dans leur petit groupe d’hommes (comme plus tard dans Rio Bravo ou Hatari!). Comme toujours également, les héros sont les moteurs d’une histoire où les rapports humains, les conflits, priment sur l’action. Sans effets tapageurs, le cinéaste livre une mise en scène brillant. La technique est là mais elle se fait discrète. Seuls les anges ont des ailes est du très grand Hawks. On pourrait parler de chef-d'œuvre si ce terme n’était pas si galvaudé. (2005) ⍖⍖⍖⍖


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