Atom Heart Mother évoque beaucoup de choses pour l'afficionados. Premier contact avec un album, sa pochette, insolite, qui met en scène une bonne grosse vache nous observant de son regard bovin, demeure pour le moins marquante et s'est imposée au fil du temps comme une des plus célèbres de Pink Floyd. Son titre ensuite, énigmatique comme toujours, et qui ne peut que susciter maintes interprétations. Enfin, il évoque surtout cinq morceaux d'anthologie, inoubliables, faisant de celui-ci une des œuvres majeures des années 70 et, à fortiori, dans la longue carrière du groupe. Comme son prédécesseur, la bande originale du film More, sorti un an plus tôt, Atom Heart Mother baigne dans le psychédélisme ambiant mais, mus par une soif d'expérimentation intarissable, les quatre musiciens parviennent à dépasser ce cadre pour explorer des chemins moins banalisés. A ce titre, l'imposant morceau éponyme, point d'orgue de cet opus, est une vraie leçon.
Cette gigantesque pièce de plus de 23 minutes, une des plus belles que Pink Floyd ait jamais écrite, prend la forme d'un véritable labyrinthe sonore aux multiples ambiances et influences, dont des écoutes répétées se révèlent nécessaires pour en saisir toute la richesse et toutes les facettes. Sa longueur, son foisonnement musical et le fait qu'elle soit entièrement instrumentale n'aident pas à son appréhension. Placé en ouverture (il fallait oser !), elle contribue du reste à faire de cet opus un des moins accessibles offerts par les Britanniques. Pourtant, œuvre schizophrénique, Atom Heart Mother se poursuit ensuite avec trois titres beaucoup plus abordables, dont le joli "Summer '68" et "Fat Old Sun", conduit par la six cordes virtuose de David Gilmour, avant de s'achever, il est vrai, sur une lente pause contemplative avec le bien nommé "Alan's Psychedelic Breakfast", durant le lequel on peut d'ailleurs entendre un type préparer son petit déjeuner, bruitages de toutes sortes à l'appui. Tout en évitant de se répéter, Pink Floyd parvient à nouveau à nous ensorceler et à frayer là où aucun autre artiste n'a jusque là été, au point que l'on puisse croire son inspiration sans limites. (14.02.2007) ⍖⍖⍖⍖
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