Pour les puristes, Meddle incarne le champ du cygne de Pink Floyd en terme de créativité. Bien qu'exagérée - les trois opus qui lui succèderont demeurent d'incontestables réussites artistiques -, cette affirmation n'est pas totalement gratuite non plus. Enfanté par des musiciens au sommet de leur forme et de leur inspiration, cet album s'impose en effet comme une des (nombreuses) pierres angulaires de la carrière des Britanniques et marque la fin d'un chapitre et le début d'un autre au sein de cette dernière. Si le magnifique Atom Heart Mother restait ancré dans le psychédélisme de la fin des années 60, Meddle quant à lui, opère un gigantesque bond en avant digne de Mao. Le premier titre qui le compose l'illustre bien. Parcouru par un souffle terrifiant, "One Of These Days" débute calmement avant de basculer dans la folie et le hard rock alors en pleine explosion. La guitare de David Gilmour hurle tandis que la voix caverneuse et possédée qui résonne à ce moment là semble provenir des entrailles de l'enfer et annonce presque avec plus d'une décennie d'avance, le metal extrême. Puis, brutalement, la fureur, la tempête prennent fin ; et le contraste est saisissant avec les morceaux suivants : le contemplatif "A pillow Of Wind", le dynamique "Fearless" et le rafraichissant "San Tropez".
Plus classiques, ces trois titres révèlent pourtant des trésors de finesse et d'inventivité. Mais, aussi bons soient-ils, ils sont vite balayés par le curieux "Seamus" et son chien qui semble chanter plutôt qu'aboyer, et surtout, l'énorme et démentiel "Echoes" lequel, du haut de ses 23 minutes, plonge dans les méandres d'un rock progressif expérimental et vertigineux. Proche du périple musical halluciné, cette longue pièce, qui s'inscrit dans la continuité de "Atom Heart Mother" sur le disque précédent, débute par le chant mélancolique de Roger Waters, monte crescendo avec un solo aérien du grand Gilmour, se poursuit par une partie instrumentale en apnée, dont les cris de dauphins et les bruits de sonar ne peuvent qu'évoquer les profondeurs et la beauté de l'océan, et se termine comme elle a commencé en s'envolant tout la haut, vers des sphères célestes inaccessibles au commun des mortels, mais que Pink Floyd nous permet, l'espace de quelques instants, d'entrapercevoir. Face à un tel chef-d'œuvre, les mots semblent soudain vains, tellement il peinent à décrire le voyage auquel l'auditeur se voit convier. En définitive, les puristes ont peut-être bien raison d'estimer que Meddle est l'œuvre maîtresse du groupe. (13.02.2007) ⍖⍖⍖⍖
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