Bien qu’il ait fait ses armes au cinéma, enchaînant à partir de 1945 films historiques (Diane de Poitiers), western (Le trésor des sept collines) et même un péplum (L’enlèvement des Sabines), Roger Moore accède véritablement à la célébrité en interprétant le Saint dans une série TV à succès entre 1962 et 1967. En attendant de triompher dans une autre série culte (Amicalement votre) puis de prendre la relève de Sean Connery dans le costard de James Bond (Vivre et laisser mourir), il tente un retour timide dans les salles obscures avec Double jeu et La seconde mort d’Harold Pelham. Si ce dernier est un excellent thriller dû à au vétéran Basil Dearden, le premier n’est qu’à moitié réussi. Passé un début digne d’un épisode de Chapeau melon et bottes de cuir, Crossplot dévide ensuite une intrigue d’espionnage dans la lignée de La mort au trousses (la scène du mariage en constitue un évident clin d’œil) mais Roger Moore, nonobstant toute la sympathie qu’on a très justement pour lui (votre serviteur le considère même comme le meilleur 007), n’est pas Cary Grant.
Plus grave encore, l’histoire est embrouillée et pour le moins alambiquée avec son photographe de mode (depuis Blow Up, cette profession a le vent en poupe au cinéma) qu’une jolie Hongroise embauchée comme mannequin embarque dans un complot visant à assassiner un chef d’État africain en visite à Londres. Plus tard réalisateur de l’angoissant Bateau de la mort (1980), Alvin Rakoff peine à masquer l’empreinte télévisuelle de son travail, donnant à Double jeu des airs tenace de téléfilm. Reste néanmoins un rythme soutenu, la séduction conjointe de Martha Hyer en blonde hitchockienne et de Claudie Lange (plus sexy que vraiment convaincante), le charme du Londres des sixties et bien sûr un Roger Moore toujours décontracté dont la virilité tranquille semble le préparer à son futur rôle de James Bond. (17.08.2024) ⍖⍖
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