Papillon est le surnom d’Henri Charrière qui, accusé de meurtre, est condamné en 1931 aux travaux forcés à perpétuité dans le bagne de Cayenne dont il parviendra à s’échapper en 1944. De son évasion, il tire un livre en 1969 qui rencontre un immense succès. Hollywood s’y intéresse très vite et comme souvent, le projet d’adaptation passe de main en main. Les noms de Jean-Paul Belmondo et de Warren Beatty circulent, Roman Polanski et Richard Brooks (entre autres) sont envisagés pour le réaliser. C’est finalement Franklin J. Schaffner, auréolé des réussites que sont La planète des singes (1967) et Patton (1970) qui prend les commandes tandis que le scénario est confié à Lorenzo Semple Jr (qui signera ensuite, excusez du peu, ceux de A cause d’un assassinat et des Trois jours du Condor) et à Dalton Trumbo dont on devine la patte dans cette puissante ode à la liberté. N’en retenant que quelques passages, le film adapte librement cette autobiographie elle-même très romancée (et donc controversée). La description rugueuse de l’enfer du bagne et son duo de stars ont assuré sa renommée. Il offre d’ailleurs à Steve McQueen son dernier grand rôle (il sera certes à l’affiche l’année suivante de La tour infernale mais noyé au milieu d’une distribution pléthorique). Flairant peut-être la concurrence avec Dustin Hoffman alors en pleine ascension (il enchaîne alors Macadam Cowboy, Little Big Man, Les chiens de paille…), McQueen s’est particulièrement investi dans ce personnage selon son cœur, au risque de cabotiner, comme lorsqu’il apparaît vieilli dans la dernière partie.
D’aucuns estiment qu’il livre dans Papillon sa meilleure performance d’acteur. Il est en effet impressionnant durant le long tunnel où, enfermé entre les quatre murs d’un cachot à l’humidité sinistre, son humanité est mise à mal par l’isolement et les privations diverses. Nous ne sommes ainsi pas prêts d’oublier la tête complètement hallucinée qu’il passe à travers le trou de la porte de sa cellule en demandant à son voisin de quoi il a l’air, mais on le préfère pourtant dans un registre plus sobre. Face à lui, son partenaire tente d’exister en appuyant un peu trop sur le côté nerveux et apeuré de ce faussaire binoclard auquel il donne des airs de déporté. En outre, reconnaissons que le film accuse naïvetés (les passages oniriques) et longueurs (la séquence chez les Indiens), faiblesses qui ne suffisent toutefois pas à en rogner la force et le pouvoir d’évocation, même cinquante ans plus tard, œuvre magnifique dans son portrait d’un homme dont les épreuves suppliciées qu’il affronte n’entame en rien sa détermination farouche à demeurer libre. En cela, inoubliable, la fin est très belle mais triste. Belle parce que Papillon retrouve sa liberté en se jetant du haut d’une falaise dans l’océan déchaîné qui le portera loin de cet enfer. Triste parce que son ami, qui suit au loin son évasion, restera à jamais seul sur ce bout de caillou… (29.01.2025) ⍖⍖⍖
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