Enrique Lopez Eguiluz - Les vampires du Dr Dracula (1968)


Si L’horribe Dr Orloff (1962) de Jesus Franco est considéré comme un des premiers films fantastiques espagnols, c’est en fait Les vampires du Dr Dracula qui, six ans plus tard, marque véritablement la naissance du cinéma d’horreur ibérique. Son importance historique ne le rend pas pour autant indispensable et nonobstant de réelles qualités, reconnaissons qu’il ne saurait soutenir la comparaison avec les pierres angulaires anglaises ou italiennes du même genre. A l’origine, on trouve Paul Naschy, ancien haltérophile qui après quelques figurations dans des péplums (Hercule contres les mercenaires) et de modestes apparitions dans des westerns (Le dernier jour de la colère), désire rendre hommage au loup-garou de la Universal et plus particulièrement à Frankenstein rencontre le monstre (1943). Non sans rencontrer d'ailleurs de multiples embûches. Il pond le scénario mais peine à trouver des financements dans l’Espagne franquiste qui voit d’un mauvais œil ce type de films. De même, afin d’éviter la censure, il est contraint de déporter son récit en Europe centrale. Enfin, Lon Chaney Jr. auquel il souhaitait confier le rôle principal, le refuse, se considérant trop âgé. Malgré son expérience très limitée, Naschy se résout à le remplacer. Coproduit avec l’Allemagne, Marca Del Hombre Lobo voit finalement la nuit sous la houlette du réalisateur Enrique Lopez Eguiluz, qui venait juste diriger l’apprenti comédien dans le thriller Agonizando en el Crimen


Oeuvre d’un passionné, ce qui le rend sympathique, il est intéressant en cela qu’il puise ses influences autant dans le cinéma américain, anglais qu’italien. Au premier, il doit évidemment le personnage du loup-garou, les bandes de la Hammer de la fin des années 50  lui inspire sa flamboyance sinistre et une partition expressive qui tente de se rapprocher de celles de James Bernard, enfin décors et couleurs baroques évoquent le gothique de Mario Bava. Ainsi, Les vampires du Dr Dracula est visuellement d’une grande beauté formelle. Des actrices sémillantes (Dyanik Zurakowska) ou sensuellement ténébreuse (Aurora De Alba) complètent cet apparat séduisant. Mais d’où viennent les grumeaux alors ? D’une part, d’un scénario peu rigoureux qui multiplie les incohérences. Décrit comme un tas de ruines, le château des Wolfstein se révèle étonnamment en bon état tandis qu’on y entre comme dans un moulin. Alors qu’ils semblent être amis depuis longtemps, Rudolph ne reconnaît pas Waldemar lors du bal masqué (séquence inutile par surcroît) alors que son costume de diablotin ne suffit pas à masquer son identité. Que sa fiancée, la comtesse Janice lui préfère Daninsky ne paraît pas le contrarier plus cela non plus. D’autre part, les comédiens ne brillent pas tellement par leur talent, Paul Naschy en tête, avec son physique de lutteur de foire incapable de distiller la moindre émotion. Les effets spéciaux ne sont guère heureux mais ce n’est pas très grave. Ses défauts n’enlèvent toutefois rien au charme réel que dégage Marca Del Hombre Lobo et ne l’empêcheront pas de connaître un certain succès qui lancera la carrière de Paul Naschy dans la peau du comte Waldemar Daninsky, rôle qu’il déclinera par la suite dans de nombreux autres films, dont les plus fameux sont Dracula contre Frankenstein (1970), La furie des vampires (1971) ou L’empreinte de Dracula (1973). (02.03.2025) ⍖⍖

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