Richard Fleischer - L'assassin sans visage (1949)


L’assassin sans visage fait partie de ces petits polars sur lesquels Richard Fleischer s’est fait la main, à la fin des années 40, coincé entre Le pigeon d’argile et Le traquenard. Son format modeste (60 minutes de pellicule, une interprétation terne) ne l’exonère pourtant pas d’une valeur certaine. Déjà parce qu’encore une fois, à l’instar de Bodyguard (1948) par exemple, il porte incontestablement les signes d’un futur grand cinéaste dont l’habileté à ciseler des scènes d’action avec toute la nervosité nécessaire (le dénouement dans l’usine qui a peut-être inspiré Robert Wise  pour Le coup de l’escalier voire même Don Siegel pour Dirty Harry) et à imprimer un rythme efficace, se double d’un sens du cadre et du découpage admirable. L’arrivée du tueur au pied de son immeuble, flairant une menace dans une ambiance étrangement silencieuse, l’illustre particulièrement. Comme souvent avec les séries B de ce genre, Follow Me Quietly compense son manque de moyens par de belles idées (le fait qu’Anthony Mann ait participé à son écriture n’y sans doute pas étranger). 


Si ses atours réalistes l’inscrivent dans la veine documentaire des polars contemporains (Appellez Nord 777…) qui insistent sur les méthodes d’investigation, la figure du serial killer se veut en revanche plus originale pour l’époque et annonce une obsession récurrente chez Richard Fleischer dont l’œuvre est hantée par les récits criminels (La fille sur la balançoire, Le génie du mal) et les portraits de meurtriers (Terreur aveugle) qui, bizarrement, aiment tuer par strangulation  comme c’est le cas présentement ou bien sûr dans L’étrangleur de Boston et L’étrangleur de Rillington Place. Que le visage de l’assassin nous soit caché est également astucieux comme le recours à un mannequin pour le représenter et dont on a parfois l’impression qu’il pourrait prendre vie. Intelligemment, les motivations du meurtrier et la raison pour laquelle la pluie déclenche en lui des pulsions de mort ne sont pas éclaircies. Seules l’interprétation inodore (hormis celle de Jeff Corey) de personnages pas suffisamment développés et une romance obligée qui au surplus freine inutilement l’action encombrent L’assassin sans visage et l’empêchent de s’élever au-dessus de la série B. (30.03.2015) ⍖⍖


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